En novembre, célébrons l’abondance !

Le 20 novembre, Tahiti change de saison. La période sèche laisse place à la saison humide, a-t-on coutume de dire. Les Tahitiens, eux, préfèrent nommer cette période l’abondance. Bien plus réjouissant !

L’abondance, c’est la saison où les branches de l’arbre à pain ploient sous le poids du uru, ce gros fruit qui constituait l’essentiel de l’alimentation des anciens Polynésiens, à l’époque où on ne cultivait ni céréales ni pommes de terre.

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La saison des pluies ? Une question de point de vue !

Ce que nous nommons donc tristement saison des pluies était considérée par les anciens comme celle de la profusion, de l’éclosion de la terre en une multitude de fleurs et de fruits. Si, à la saison sèche, les étals de marché sont bien vides, entre novembre et mai, ils regorgent de délices variés.

Le début de cette période d’abondance est appelé Matari’i nia. De Matari’i, le nom donné à la constellation des Pléiades et Nia, l’est en tahitien. Le 20 novembre (21 pour les années bissextiles), les Pléiades s’alignent avec le soleil couchant et la ligne d’horizon, marquant le début de la saison que les Tahitiens nomment Tau auhuneraa (littéralement la saison où apparaissent les fruits de l’arbre à pain). Les poissons aussi se mettent au diapason : c’est la période de reproduction où les bancs de bonites (ature) viennent se presser sur les côtes des îles polynésiennes, rentrant dans les lagons.

Des réjouissances pas seulement gastronomiques : selon les anciens, la pluie ne servait pas qu’à faire pousser les plantes, mais aussi à purifier et nettoyer la terre, lui offrant une douce renaissance.

 

Une sorte de nouvel an polynésien

On ne s’étonne donc plus que cette fête soit parfois comparée au nouvel an. Avec des célébrations dignes de ce nom. Autrefois, le changement de saison était annoncé sur le marae, le lieu de culte des anciens Polynésiens, par le roulement de tambour du grand chef, à la tombée de la nuit. Un taimara, une loi imposant un silence total aux humains et aux animaux sous peine de mort, était observé pendant quelques jours par tout le monde.

Les arii ou grands chefs, les hommes de haut rang et toute la noblesse participaient au nettoyage du marae. Les opu nui (personnes de haut lignage) nettoyaient les autels pour y mettre de la nourriture fraîche pour les dieux. Durant la cérémonie, on baignait les dieux et on sacrifiait des animaux : cochons, chiens ou poissons.

Aujourd’hui, pour fêter l’abondance, on chante, on danse et on partage un grand ma’a Tahiti, le repas traditionnel polynésien. Cette période faste durera six mois. Autour du 20 mai, les Pléiades passeront à l’horizon à l’ouest (raro), et ne seront plus visibles qu’en fin de nuit. Ce sera le début de la saison baptisée Matarii-i-raro, la période de disette, Tau oe, fraîche et plus sèche. En attendant, que les tables se chargent de uru et de bonites, célébrons l’abondance !

 

Illustration : http://sarahina.over-blog.com


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