Peinture et littérature

Les peintres et Tahiti

Paul Gauguin (1848 – 1903)

Né en 1848, Gauguin passe son enfance au Perou, puis s’engage dans la marine comme élève officier. Entre 1868 et 1871, il écume les mers du globe avant de s’installer à Paris. Il devient alors agent de change et épouse une danoise, Mette-Sophie Gad, dont il aura 3 enfants.

Sa première rencontre avec la peinture se fait en 1874, lorsqu’il achète des toiles de peintres impressionnistes et se met à peindre. Il sera vite remarqué et commencera à exposer à partir de 1876. A la suite d’un krach boursier en 1882, il se décide à se consacrer exclusivement à la peinture. Les années suivantes seront particulièrement difficiles et agitées. Après des séjours à Rouen et à Copenhague, il s’installe à Pont-Aven puis revient à Paris où il rencontre Vincent Van Gogh.
Son deuxième séjour à Pont Aven en 1888 marque un tournant dans son oeuvre. Gauguin adopte un nouveau style, le symbolisme. Il passe alors 3 mois en Provence avec son ami Van Gogh avant de quitter la France, pour toujours dit-il.

Paul Gauguin  Paul Gauguin

A son arrivée à Tahiti en 1891, il s’installe à Mataiea avec Taha’amana, une jeune vahine de 14 ans. La période qui suit cette arrivée en Polynésie est trés productive et il peint ses premières toiles signées en Tahitien : Te nave nave fenua (Terre délicieuse), Manao tupapau (L’esprit des morts veille) et Arearea (Amusements).
Pourtant, rattrapé par la misère et la solitude, il songe vite au départ. Il rentre à Paris en 1893 pour vendre ses toiles.
Son retour sera une déception encore plus grande : échec financier, perte d’un procès, et surtout une bagarre à Concarneau où il se casse une jambe.
Ecœuré par la vie en Occident, il repart pour Tahiti en juillet 1895.

Il ne sera pas plus heureux à Tahiti qu’en France mais signe durant cette période certaines de ses plus belles toiles : Nave nave Mahana (Jours délicieux), Poème barbares, et surtout D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?

Paul GauguinC’est après une tentative de sucide et un séjour à l’hôpital Vaiami de Papeete qu’il décide en 1901 de s’installer au îles Marquises, à Hiva Oa. Il construit alors sa « Maison du jouir ». Bien qu’affaibli par la maladie, il passera les deux dernières années de sa vie à défendre les habitants d’Atuona contre l’administration coloniale, mais aussi à écrire, peindre et sculpter. Il meurt le 08 mai 1903. Paul Gauguin repose depuis au cimetière du calvaire d’Atuona

Henri Matisse (1869 – 1954)

C’est en 1930, à bord d’un paquebot au départ de San Fransisco, qu’Henri Matisse part pour Tahiti à cause, dira-t-il de la lumière : « J’irai vers les îles, pour regarder sous les tropiques, la nuit et la lumière de l’aube qui ont sans doute une autre densité. La lumière du Pacifique est un gobelet d’or profond dans lequel on regarde. Je me souviens qu’à mon arrivée, ce fut décevant et puis peu à peu, c’était beau, c’était beau, c’était beau !. »
Il séjourne pendant deux mois et demi à Tahiti et surtout aux Tuamotu à Fakarava et Apataki où il étudie, prend des notes, et forge ainsi son oeuvre à venir.

Henri Matisse  Henri Matisse

Si Matisse ne peint qu’un seul tableau en Polynésie, il en ramènera des influences que l’on retrouve dans son oeuvre après 1930 et particulièrement dans ses grands papiers collés inspirés des tifaifai.

Jacques Boullaire (1893 – 1976)

Boullaire arrive pour la première fois en Polynésie en 1937, accompagné par sa jeune épouse Anne Hervé, également peintre. Née à Tahiti et ayant vécu dans les Tuamotu pendant 25 ans, elle lui sert de guide et lui fait découvrir l’esprit polynésien.

Jacques Boullaire  Jacques Boullaire

Tout d’abord surpris par cette lumière si violente, il finit par habituer sa sensibilité d’artiste aux couleurs sans demi-teinte, si différentes de tout ce qu’il avait vu auparavant, et à la luminosité de la Polynésie. Il sera complètement séduit par la plastique des Polynésiennes, arrondie et souple, et leurs attitudes tellement naturelles. Ce sera bientôt son thème favori.

Tahiti et les écrivains

Jack London (1876 – 1916)

Jack LondonLes œuvres les plus célèbres de Jack London L’appel de la forêt (1903) et Croc-blanc (1906) se déroulent toutes deux en Amérique du Nord, où l’auteur vécu la ruée vers l’or. Pourtant l’écrivain n’est pas en reste avec le Pacifique sud. En 1906, London se fait construire un voilier, le Snark (snake + shark : c’est le serpent-requin d’Alice au pays des merveilles) et s’embarque avec sa femme Charmian sur les traces de ses idoles Melville et Stevenson.

Avec le projet de faire le tour du monde, ils prennent la direction des îles Hawaii, puis visitent les Marquises, les Tuamotu, Tahiti, les Samoa, et les Fidji… A peine débarqués à Nuku Hiva, il se rend dans la vallée décrite par Melville dans Typee : « Dans mon enfance, j’ai lu un livre d’Herman Melville : « Typee », ce qui m’a fait rêver de longues heures. Ce n’étaient pas des songes, cependant. A cette époque, j’avais déjà résolu qu’une fois grand et fort j’entreprendrais moi aussi ce voyage à Typee, quoi qu’il arrivât. Car la vision radieuse du monde pénétrait déjà dans mon minuscule cerveau – cette vision qui devait, plus tard, me conduire en maints pays, et dont la beauté n’a pas diminué à mes yeux « .

De ce voyage proviennent ses récits du Pacifique, comme Les tortues de Tasmanie ou Les contes des mers du sud. Mais étant malade, London se voit contraint d’interrompre son tour du monde en Australie pour se faire soigner (1909), puis retourne aux Etats-Unis. De là, il fera d’autres voyages au Cap Horn et à Hawaii avant de mourir d’une sur-dose de morphine en 1916.

Pierre Loti (1850 – 1923)

Pierre LotiJulien Viaud, alias Pierre Loti, est né en 1850 en Bretagne. Admis à l’Ecole Navale, ses premiers grands voyages lui feront découvrir le bassin Méditerranéen, le Sénégal, les Etats-Unis et l’Amérique du Sud.

Désenchanté par la société industrielle, l’écrivain poursuit la quête d’un paradis perdu, où subsisterait une parcelle d’humanité que la civilisation n’aurait pas pervertie.

la Reine PomareSa quête le conduira en 1872 à faire escale durant plusieurs semaines à Tahiti, où son frère chirurgien dans la marine avait vécu dix ans auparavant. Ce séjour, où il exécute une série de dessins, d’aquarelles et de photos, le marquera à vie. De ses aventures polynésiennes, il tire son roman Le Mariage de Loti (1880) et son pseudonyme lui-même qui lui fut donné à la cour de la Reine Pomare et qu’il adopta dès 1876.

En plus de son journal intime, déjà largement publié après sa mort, Pierre Loti a laissé de nombreux dessins et photographies qui complètent magnifiquement ses récits de marin et de voyageur invétéré.

Herman Melville (1819 – 1891)

Herman MelvilleMelville naît en 1819 à New York. Après avoir exercé divers métiers, il devient marin en 1839. Début 1841, il s’embarque sur un baleinier en partance pour le Pacifique Sud.
Resté en mer durant quatre années, il déserte avec un camarade de bord et gagne les îles Marquises où il passe quelques semaines parmi les habitants de la vallée du Taïpi, mieux connue sous le titre de son premier livre Typee (1846).

Il quitte les Marquises à bord d’un baleinier australien mais est débarqué à Tahiti à la suite d’une mutinerie. C’est un autre baleinier, le Léviathan, qui l’emmènera jusqu’aux îles Hawaii, épisode qui servira de point de départ à son deuxième récit Omoo (1847).

L’univers de Melville est résolument tourné vers la mer. Mais l’écrivain va bien au-delà du simple récit des expériences vécues, donnant à ses œuvres une portée mythique : il y met en scène les dilemmes de l’âme et le conflit biblique entre le bien et le mal, comme c’est le cas dans Moby Dick.

Victor Segalen (1878 – 1919)

Victor SegalenNé en Bretagne en 1878, il devient médecin de la marine en 1900 et s’embarque pour Tahiti en 1902 . A son arrivée en 1903, il apprend la mort de Gauguin, survenue le 8 mai aux Iles Marquises.

Se rendant sur place, il recueille en 1903 et 1904 les dernières œuvres de Gauguin. Il concourut par son action à la sauvegarde de ce qui est aujourd’hui une part importante du patrimoine culturel marquisien.

De son séjour dans les îles, il tire les Immémoriaux, publié en 1907 sous le pseudonyme de Max Anély. Ce récit retrace les derniers moments de la civilisation maorie, anéantie par les colons et les missionnaires européens. De retour en France en 1918 après avoir vécu en Chine pendant presque 10 ans, il tombe gravement malade et meurt l’année suivante.

Robert Louis Stevenson (1850 – 1894)

Robert Louis StevensonNé à Edimbourg en 1850, Robert Louis Stevenson eut dès sa jeunesse, et malgré sa mauvaise santé, une vie aventureuse.

C’est en France qu’il rencontre sa future épouse, l’américaine Fanny Osbourne. Vivant entre la France et les Etats-Unis, Stevenson écrit ses œuvres les plus célèbres : L’Ile au trésor, Les nouvelles mille et une nuits et Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde

Mais Stevenson, dans le froid de l’hiver, se met à rêver de voyages dans les mers du Sud. En 1888, il visite les Marquises, les Tuamotu, Tahiti, Hawaii, les Gilbert, les Samoa, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Iles Marshall, avant de s’installer dans les Samoa où il décède en 1894.
Son journal de bord Dans les mers du sud relate son incroyable aventure : se posant en ethnographe il recueille les récits étonnants des rois indigènes qui lui rappelèrent peut-être les contes écossais de son enfance.


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