La communauté chinoise de Tahiti : 150 ans d’histoire

Temple Kanti ©Sinitong
Temple Kanti ©Sinitong

La communauté chinoise de Tahiti qui vient de célébrer l’entrée dans l’année de la Chèvre de bois, s’apprête à fêter 150 ans de présence en Polynésie Française.

C’est en 1865 que tout a commencé lorsqu’un peu plus de 300 Chinois (Hakka et Punti) partis depuis HongKong sont arrivés à Tahiti, plus précisément à Papara, en tant que travailleurs pour la Tahiti Cotton and Coffee Plantation Cys Ltd, qui a trouvé là une main d’œuvre pas chère et docile pour exploiter ses champs de coton, ses plantations de café et de canne à sucre.

Une année plus tard, ils sont 1000 « coolies » (agriculteurs d’origine asiatique) chinois, vivant dans des conditions très difficiles avec des journées interminables de travail acharné. Les tensions entre travailleurs sont palpables et de nombreuses bagarres éclatent. Parmi eux, Chim Soo King sera le premier guillotiné de Polynésie après s’être dénoncé pour un meurtre qu’il n’aurait pas commis. Il deviendra pour certains un martyr, à qui on vient aujourd’hui encore rendre hommage à son mausolée du cimetière d’Arue.

En 1870, lorsque la plantation ferme, elle laisse ces travailleurs livrés à eux même. Certains pourront rejoindre la Chine, les autres resteront et deviendront maraichers ou commerçants dans les quartiers éloignés de la capitale et dans les îles. Ils s’intègrent à la population et les premiers métissages apparaissent.

©G.Boissy_Tahiti tourisme
©G.Boissy_Tahiti tourisme

Par la suite, d’autres vagues de migrants (2000 personnes entre 1907 et 1914) viendront grandir la communauté chinoise de Tahiti. Quelques tensions et discriminations freineront temporairement leur intégration. C’est en 1973 que les Chinois de Tahiti recevront la nationalité française.

Les tinito (chinois en tahitien) de Tahiti et leur riche histoire font partie intégrante de la société polynésienne. C’est pourquoi on retrouve souvent quelques « petits bouts de Chine » à Tahiti et dans les îles. La cuisine tahitienne est un bon exemple de ce métissage mêlant produits locaux et saveurs asiatiques. Il suffit d’aller faire un tour du côté des fameuses roulottes de la Place Vaiate à Papeete pour voir et sentir ces savoureux mélanges, il en est de même pour les nombreux restaurants chinois. Même des livres de recettes ont été édités sur la cuisine chinoise de Tahiti.

Le nouvel an Chinois que l’on vient de célébrer est l’occasion pour la communauté de faire vivre sa culture.

Les festivités sont importantes et durent plusieurs semaines avec notamment des démonstrations d’arts martiaux, des expositions et le fameux défilé des lanternes.

Miss Dragon© LaDépêche de Tahiti
Miss Dragon© LaDépêche de Tahiti

Le temple Kanti s’anime et s’ouvre avec des initiations et démonstrations culturelles, on vient y faire lire les oracles et demander protection. La danse du lion qui chasse les mauvais esprits et porte chance, surgit dans la ville, dans les commerces avec ses danseurs et ses pétards qui ravissent toute la population.

Chaque année, l’élection de Miss dragon a lieu à Papeete, un événement important où toute la communauté met à l’honneur la beauté et la culture chinoise.

Le 25 Mars 2015, la communauté chinoise célèbrera 150 ans de présence à Tahiti, avec un rassemblement prévu à Atimaono, Papara, point de départ symbolique de leur histoire sur le territoire.

Source : Magazine Hiro’a


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